Kasbah Telouet

Fief du Glaoui

Kasbah Telouet

Située dans le Haut Atlas, la Kasbah de Telouet était la résidence de la famille El Glaoui jusqu’à l’époque coloniale. Cette antique demeure est un bijou architectural et une merveille pour les yeux, surtout de l’intérieur.

Fief du Glaoui

C’est la première chose que vous verrez en arrivant à Telouet. Située sur un promontoire et dominant le village, la Kasbah comporte un ensemble de bâtiments remontant successivement aux XVIII, XIX et XX ème siècles et constitué d’ajouts successifs.

Télouet était le lieu de passage obligé des caravanes allant de Marrakech à Ouarzazate avant la mise en construction de la route qui passe par le col du Tizi n-Tichka. Grâce à cette position stratégique, elle demeura pendant une centaine d’années, l’un des fiefs des seigneurs Glaoua, une tribu de la région du Grand Atlas qui a acquis une certaine notoriété grâce à un personnage controversé du temps du protectorat français, Thami El Glaoui, pacha de Marrakech et dernier « seigneur de l’Atlas ».

Thami El Glaoui (1875-1956) est un personnage qui a marqué l’histoire du Maroc. Considéré comme un traître, il menait une vie de grand luxe, tirant profit des avantages politiques et matériels en se rendant indispensable aux autorités du protectorat. El Glaoui dominait ainsi un « empire » comptant environ un million d’habitants, tenant sous sa coupe l’Atlas occidental. Surnommé « le châtelain de Telouet », Thami El Glaoui imposait une «taxe» annuelle astronomique ; olivettes, orangeraies, banques, mines, consortiums divers, maisons closes,… El Glaoui dépouillait les tribus pour financer un train de vie luxueux. Pacha de Marrakech de 1918 à 1955, il était animé par une fascination pour les Européens et avait l’habitude de gâter ses invités avec de grands banquets et des cadeaux onéreux. Cependant, le pacha tomba en disgrâce lorsque le Maroc eu son indépendance en 1956. Demandant et obtenant le pardon de feu le Roi Mohamed V pour son égarement, il est décédé peu de temps après dans la Kasbah de Telouet.

La Kasbah des Glaoua n’est pas vieille, pourtant c’est l’une des forteresses qui a marqué le plus l’histoire du Maroc pendant le protectorat. Considérablement agrandie au début des années 1900, grâce à l’accroissement de la fortune et du pouvoir de la famille El Glaoui, différents bâtiments furent ajoutés à côté d’une Kasbah plus ancienne. C’est cette partie plus récente qui se visite encore dont deux somptueuses pièces richement décorées, qui témoignent de la splendeur dans laquelle vivait la famille El Glaoui.

Depuis 1960, la Kasbah est en grande partie abandonnée. Les visites se font avec un guide, une partie du prix finançant la rénovation du site. Pour y accéder, il faut dépasser le centre du village et l’oued Imarene. Une piste vous conduira jusqu’à la porte principale du Dar Glaoui renforcée à l’aide d’une clef de 25 centimètres de long pour déboucher dans une cour pavée de larges pierres. Les structures de terre ocrée et rouge sont énormes mais fragiles, une enceinte principale à plusieurs cours entourées de murailles crénelées donne à l’ensemble un aspect des plus singuliers.

Tout à la fois forteresse, château et caravansérail, la Kasbah Telouet offre un ensemble impressionnant. La vie de la Kasbah était autrefois rythmée par les chants et la danse d’Ahwach, tradition amazighe présente dans le Sud Est depuis des temps antiques, sous le regard des Glaoua installés à un balcon, au premier étage de l’édifice. Le balcon est encore presque intact.

A l’intérieur, la salle de réception donne sur l’oasis par de belles fenêtres grillagées. Un décor somptueux de stucs et de zelliges tapisse entièrement les murs et le sol. On dit que 300 ouvriers travaillèrent durant trois années pour sculpter les plafonds et les murs. Les photographes en herbe trouveront leur bonheur dans cette salle, un espace 100% instagrammable !

Le saviez-vous?

Deux dates ont marqué le village de Telouet. En 1682, au moment où le souverain Moulay Ismail ben Chérif (1645-1727) revient vers Marrakech au terme d’une tournée dans le Tafilalet, une tourmente de neige fait périr une partie de son armée. Il est accueilli par le caïd Abdessadik El Glaoui. Puis en 1893, le sultan alaouite Moulay Hassan I (1836-1894) fait relâche à Telouet causée cette fois aussi par une tempête neige, où il est reçu somptueusement par Si Madani El Glaoui et son jeune frère Thami. Ces deux événements pèserons de tout leur poids sur l’histoire de la région Drâa-Tafilalet.